le cœur trop serré dans la poitrine, hyuk s'était fermé à toute chaleur, se laissant mordre par les vents gelés du début de soirée. la lune ne lui faisait rien du tout, il ne trouva aucun loisir à la contempler, il aurait même voulu monter jusqu'à elle pour lui cracher dessus. il était de ces soirées où même l'astre des nuits ne pouvait rien y faire. les nerfs du jeune homme se grignotaient entre eux, et lui n'avait qu'à bouillir, se laissant consumer par les ombres nocturnes grouillant aux alentours. ça n'était parti de pas grand chose, une contrariété, et une accumulation de comportements détestables à supporter, en plus de l'ennui usuel des cours. sa mine en devenait alors froissée, s'harmonisant à sa démarche droite et froide. l'idée de devoir se rendre jusqu'à nonju l'agaçait profondément, pourtant, il n'avait toujours pas fait demi tour. à travers les messages de son père qui noyaient son fond d'écran, celui de kairos avait eu l'effet d'une lumière, un infime soulagement.

et le parc de nonju avait ce quelque chose de poétique, une fois plongé dans la pénombre. taché de quelques lampadaires naissants, hyuk y percevait quelque chose de différent. les arbres se découpait tranquillement dans le noir, créant une atmosphère bien plus relaxante que ce que le garçon avait connu aujourd'hui. un soupir s'échappa de sa poitrine, comme s'il s'autorisait finalement à décontracter ses muscles qui s'étaient amassés en nœuds dès le début de la journée. il perçoit un peu mieux l'air qui caresse sa nuque, et peut-être qu'il méprise un peu moins la lune. ses regards cherchent la silhouette qu'il niera connaitre que trop bien. et sans succès, il finit par déduire qu'il faudra s'enfoncer un peu plus dans le parc pour trouver son habituelle principale source d'irritation. mais il n'appréhendait pas tant que ça de le voir, au fond. il comptait sur lui pour lui apporter quelques couleurs autres que le terne que lui avait apporté son entourage.

après avoir marché pendant quelques minutes qui lui avait semblé interminables, hyuk reconnaît l'autre garçon. une fine vague de soulagement traverse son visage, alors qu'il entreprend de le rejoindre. kairos était éclairé par un de ces lampadaires, positionné en face d'un chevalet. encore de la poésie vivante. hyuk vint s'asseoir sur le banc qui se situait juste derrière la scène de l'artiste; il s'y laissa tomber avec paresse, laissant ses conflits internes de côtés. « c'est joli. » souffla t-il, en même temps que les vents légers. compliment de valeur, qu'il ne décidait de laisser entendre qu'à de rares occasions. il voulait juste rester là, admirer un peu, s'échapper quelques secondes.

la fatigue ne cesse de bercer ce coeur endolorit par la vie. kairos, l'âme éternelle solitaire, qui vagabonde à travers la ville en quête d'inspiration. le lycée abandonné, il a prit la peine de sécher car après tout, cette année, elle est comme le précédente. les cours sont les mêmes. les professeurs également. il connait déjà tout de ce programme que veulent instaurer professeur et administration. ainsi, il se balade dans les rues, contrairement à ses camarades qui se laissent certainement somnoler dans les salles climatisées du lycée. une journée à danser avec la gouache, les lueurs du soleil finissent par inonder le ciel, mais les jours sont court ainsi, la journée défile sans que le grec ne s'en aperçoive. la lune succède à hélios et son soleil. la pénombre berce les pinceaux habiles, alors que le silence cajole ses diverses inspirations. le chat errant, offrant sourire à l'artiste qui se joue de l'animal. quelques caresses perdues avant qu'il ne soit apprivoisé. il suit les pas de l'artiste, l'accompagnant jusqu'au parc où le jeune riche avait ses habitudes. en quête de paix, il se présente non loin d'un lampadaire, le chat toujours présent. le chevalet en place, il débute sa peinture bien assez tôt, retraçant les lignes de l'animal, fidèle compagnon de nuit, sur sa fameuse toile. recouvrant ses doigts, par accident, il joue à nouveau avec le jeune animal avant qu'une voix ne vienne à raisonner derrière lui. « bien plus jolie que toi. » le sourire de malice s'installe sur les lèvres avant que le vieux ne vienne à faire face à l'autre. « quelle est la cause de cette voix si sombre ? » habitué par les colères du jeune, kairos n'avait besoin de demander avec insistance car il savait que l'autre était ici pour vider ses frustrations les plus amères. éternel punching-ball, le vieux se laissait distraire par l'autre, abandonnant la toile pour se joindre au garçon sur le banc, bien vite suivit par le chat, prenant lui aussi place sur le mobilier. « veux-tu que je glisse quelques couleurs dans ta vie ? » le pinceau toujours en main, il l'agite sous le nez du jeune telle une douce menace. « je... enfin, on » dit-il simplement, d'une voix douce en pointant l'animal près d'eux.