mask. Les vacances avaient quelque chose d'ennuyeux quelque part. Tu étais toujours prêt pour l'action, pour perdre ton temps dans ton garage, mais les vacances, ouais, elles étaient trop longues pour toi. Tu voyais tes copains pour sûr, mais il n'y avait jamais ce même vide comblé que quand t'avais les cours. Pourtant, l'école, ça te saoulait un peu, t'avait dix-huit ans à la fin de l'année, mais en toute honnêteté, tu n'avais pas hâte d'y être. Tu aurais alors l'âge légal pour les conneries, pour faire les courses de ton crew, cigarettes, alcool, même s'ils s'avaient que tu le ferais pas. Tu avais du respect pour eux, et il était hors de question que tu sois complice de leurs conneries. Tu poussas un soupir, alors que tu fermais à clé la porte de ton garage privé. Tu avais pris la peine de laisser la petite fenêtre un peu ouverte, histoire de ne pas revenir demain, sentir l'odeur oppressante et parfois pesante de la peinture. Tu avais repeint ton mur cette fois-ci, l'un des quatre murs qui définissaient la cloison de ton précieux garage, ton coin de paradis. Cela faisait des jours que tu bossais dessus, ce serait sans doute la seule création que tu exhiberais vraiment. Aux yeux de tes amis. Parce que tu avais tendance à garder tes tableaux pour toi, à ne pas vouloir les partager, parce que c'était le reflet de ton esprit tordu.

Tu empruntais donc le dernier tramway en direction de chez ton père. Cela faisait longtemps que tu ne l'avais pas vu, trop préoccupé par ton art et ta passion folle pour terminer ton graffiti. Sous ton masque de tissu, cachant ta bouche, avec un design à en faire palir plus d'un, tu te laissais tomber sur un des nombreux sièges du tram, en espérant pouvoir te reposer un peu le temps que tu arrives à la station de Samyeong. Il était tard, peu de personnes trainaient dans le tram à cette heure-ci, tu n'avais pas vu le temps passer, heureusement que tu avais daigné baisser les yeux sur ton portable, sinon, tu aurais du faire le chemin à pied. Non pas que tu n'aimais pas, mais tu aurais certainement crécher chez ta mère, parce que c'était plus près de ton garage.

En descendant à l'arrêt de Samyeong, tu ne te pressas pas pour rentrer. Tu n'étais pas perdu non, mais tu avais envie de flâner un peu. La nuit était belle ce soir-là, tu regardais simplement le ciel, au beau milieu d'un trottoir, dans le quartier résidentiel. Tu y étais presque, encore quelques mètres et tu arriverais devant la maison de ton père. Non, les yeux vers l'infini noir de l'espace au dessus de ta tête, te rendait un brin étrange. C'était beau, tellement beau, et pourtant, tu ne voyais là que des nuages, des formes sans logique, démunies de sens, mais, toi, tu y voyais beaucoup de choses. Et cela t'inspirait.

@nam haneul c'est pas terrible terrible, sorry, je ferai mieux après ><

la sonnerie. Voilà une journée bien meilleure que d’habitude ; pour une fois, peut-être grâce aux vacances, les élèves avaient beaucoup moins fait attention à moi. J’étais peut-être à une ou deux remarques par jour, mais aujourd’hui, rien. Enfin, il fallait dire aussi qu’aujourd’hui, je n’aurais sûrement pas prêté attention aux autres. Ma mère avait rejoins la Russie hier pour une représentation théâtrale et je me retrouvais seul avec mon père à la maison. De quoi profiter des prochains jours. Cela ne m’avait pas empêché de rester à la bibliothèque jusqu’à sa fermeture, pour profiter de l’absence de la plupart des étudiants ayant déjà rejoins leurs parents. C’est ainsi qu’à 19h30, nuit tombé, mes écouteurs dans les oreilles, je me retrouve dans le tramway en direction du quartier de Samyeong. Depuis l’école, le trajet est un peu long ; alors j’en profite pour me plonger dans mes cours, lunettes sur mon nez, alors qu’une de mes mains s’accroche à la barre (ou tente) au-dessus de moi. J’étais un peu trop petit pour l’atteindre, et l’homme à côté de moi avait d’ailleurs affiché un rictus lorsqu’il m’avait vu manquer de tomber la première fois. Enfin, j’avais l’habitude maintenant – j’évitais le plus souvent à mon chauffeur de venir, même si m’habituer aux transports en communs avait été assez compliqué.

« Mesdames et messieurs, le tramway s’approche de Samyeong… »

Un soupire fut la seule chose que je parvins à souffler derrière mon écharpe. Je n’ai même pas le temps de ranger mon livre que le tramway s’arrête, et je me faufile entre les passagers pour pouvoir descendre et respirer de l’air frais. Enfin. Je n’avais plus qu’une hâte ; rentrer.
Le coucher du soleil au-dessus de ma tête capte mon attention. J’avais toujours été très admiratif de ce décor que nous offrait la nature à chaque début de soirée, et je ne pouvais qu’encore une fois me perdre dans cette sublime toile qui animait mes pensées les plus créatives. J’observe les nuages et les différentes couleurs se mélanger en osmose. Tout ça aurait peut-être fait une jolie pein…

Oh ?

Un toussotement attire mon attention, et je me retourne pour apercevoir une silhouette derrière moi. La tienne. Mes yeux rencontrent aussitôt les tiens, profonds, durs, puis mon regard se porte sur le masque que tu portes. Je me retourne alors que mon corps se réchauffe un peu – des frissons s’ajoutent. Qu’est-ce que quelqu’un comme toi faisait dans ce quartier ? Avec un tel masque, en plus ? Tu venais peut-être pour voler… Non, Haneul, ça n’arrivait que dans les films ça. Ou peut-être pas. Tout de suite, je me mets à me focaliser sur tes pas. Tu n’étais qu’à quelques mètres derrière moi. Je serre un peu plus ma sacoche entre mes doigts, que je fais le plus lentement possible glisser devant moi. Il fallait bien que ça m’arrive alors que je voulais juste retrouver Namca, ça… Mes doigts ouvrent la poche arrière, puis j’attrape une petite bouteille qui s’y trouvait et qui ne m’avait jamais vraiment servi auparavant. Sans même faire attention, je fais tomber ma carte étudiante au sol mais trop occupé à écouter le son que font tes pas, je n’entends pas. Les battements de mon cœur s’accélère, puis alors que je m’apprête à sortir mon téléphone pour appeler mon père, j’entends ta voix s’élever, puis tes pas s’accélérer. C’était le moment, Haneul.

« N’approchez pas ! C’est de la bombe lacrymogène ! »

M’étais-je presque écrié alors que je m’étais retourné pour te couper net dans ta course, la main tendue vers toi qui tenait la dite bombe. Prêt à arroser tes yeux, j’étais paniqué. Tu étais bien plus grand que moi, et j’avais l’air ridicule avec cette pauvre bouteille – tu pouvais faire ce que tu voulais de moi, je n’osais même plus bouger.

@wang Minho

La beauté du paysage ne te laissait pas indifférent. Il y avait quelque chose d'indescriptible lorsque tu regardais l'horizon, lorsque tu prenais le temps d'observer avec attention les couleurs du ciel, le soleil s'étant couché depuis un peu plus d'une heure, les nuages avaient recouvert une bonne partie de l'étendue infinie au-dessus de ta tête. Tu aurais pu apprécier toute cette splendeur si tu n'avais pas ressenti le froid de l'automne au travers de tes vêtements. En effet, tu n'avais pas été préparé à rentrer aussi tard, et surtout passer chez ton père. Cela faisait déjà quelques temps que tu ne l'avais pas vu, tu l'appelais de temps en temps, mais vous n'étiez que père et fils avec des points de vue différents sur la vie, les copains, et les priorités en général. Lui, préférait l'argent et le confort, alors que toi, en vérité, à part tes amis et tes peintures, il n'y avait pas grand chose qui te tenait à cœur. Au beau milieu d'un trottoir, arrêté ainsi, tu avais juste l'air perdu. Sans doute que personne ne s'en formaliserait, que personne ne viendrait te demander si tu avais perdu ton chemin, parce que tu n'étais pas le genre de personnes à aborder.

Ton look actuel n'avait rien d'engageant. Mais ce qui te dérangeait le plus, c'était que tu commençais à avoir froid. Réellement. Ton jean était trop craqué, ton t-shirt, bien que couvert par une veste fine, était trop ample, et permettait aux températures peu clémentes de se faufiler sur ta peau. Tu en frissonnais par moment. Tu voulais rentrer au plus vite, et ce fut donc naturellement que ton pas s'accéléra. Jusqu'à ce que ton pied marche sur un truc, tu regardas donc sous ta chaussure pour découvrir une carte. Ou quelque chose y ressemblant, tu ne t'attardas pas à regarder ce que c'était. Carte bancaire ou abonnement à un magasine, une bibliothèque, peu importe, le type devant toi l'avait fait tomber, et tu comptais bien lui rendre. « Hey ! Oh- ! » Tes mots restèrent en suspens avec ce qu'il venait de te dire. Il s'était retourné, te menaçant d'une bombe lacrymo. Tu n'osas même pas bouger, parce que tu ne t'attendais tout simplement pas à ça. Tu n'avais rien fait qui pouvait suggérer qu'on te prenne pour un stalker, ou un criminel. Tu haussas les sourcils, puis ils se froncèrent, tu ne savais pas trop comment réagir.

Tu voulais éclaircir la situation, enlever ce malentendu. Tu ne le suivais pas, tu n'avais même pas l'intention de l'aborder si on y réfléchissait bien. Il avait fait tomber un truc, tu voulais lui rendre, point. Alors de ton air naturellement hautain et scrutateur, tu lui tendis juste la carte, baissant ton masque de ta main libre pour pouvoir parler, qu'il t'entende et te comprenne, dévoilant par la même occasion, ton visage. « C'est à toi, nan ? » Être plus grand que la moyenne pouvait s'avérer utile, surtout lorsque l'on te prenait pour un voyou, alors que tu n'étais rien de tout ça. Tu en avais peut-être l'air, avec ta peinture partout, ton masque vulgaire, et ta dégaine à revoir, mais tu n'avais rien d'une mauvaise personne. Tu penchas la tête, incitant le gamin de ton âge à prendre cette foutue carte, histoire que tu puisses rentrer tranquillement. « Alors ? »

@nam haneul blblbl sorry, la première version de cette réponse a été perdue ... fucking computer

Ridicule. C’était le seul mot qui traversait mon esprit alors que mes yeux étaient fixés sur ma carte étudiante que tu me tendais. Et rien ne s’arrange lorsque j’ose rencontrer tes yeux qui me sont si familiers. À quelques mètres, je ne t’avais pas reconnu ; mais là, le contraire est difficile. Je sens mes joues rougir davantage alors que mon esprit me crie de fuir. Je ne m’étais jamais autant senti idiot devant quelqu’un – pire encore. Tu commences d’ailleurs à perdre patience, et moi, à perdre pieds.

« Je… »

Je n’arrive pas à alligner plus de deux mots. En voulant ramener mon bras vers moi, je fais tomber la bombe lacrymogène au sol, et me baisse aussitôt pour la reprendre. Je la mets dans mon sac, et tends la main pour attraper ma carte. Je sens déjà ma gorge devenir plus sèche, et mes jambes toujours aussi lourdes ; tout de suite, les souvenirs de mon enfance reviennent, et un mauvais sentiment m’envahit. Ce n’était pas la première fois que je me ridiculisais face à quelqu’un, loin de là. Mais là, c’était devant toi, et c’était différent. On était des adolescents, et je devais sérieusement passer pour une personne trop timide. Et maintenant que tu voyais à quoi je ressemblais, si je venais à te croiser, tu allais sûrement te moquer de moi. Et cette humiliation valait milles fois les moqueries que je subissais à l’école. Ma journée si parfaite avait été totalement ruinée par ma maladresse, enfin, surtout par mon incapacité à vivre avec les autres. Mon aura froide m’avait permis d’éviter plusieurs situations embarrassantes, mais en réalité, il suffisait de me parler pour briser toutes mes barrières.

Mes lèvres s’entrouvrent pour m’excuser, mais aucun son n’en sort. Depuis tout à l’heure, ma tête était baissée sur ton jean. J’aurais aimé ne jamais t’avoir face à moi – je n’aurais jamais imaginé me retrouver dans une cette situation. Alors pris d’un élan de courage – mais c’est plutôt subjectif, je tourne les talons et reprends mon chemin aussi naturellement que possible. Là, j’avais vraiment envie de disparaître.

@wang Minho

Tu attendais une réaction, un truc, mais en fait, pendant quelques secondes, ou quelques minutes, il ne se passa rien. Aucun signe qu'il n'était pas une statut de cire, et tu continuais de le regarder sans gêne, parce que tu te demandais ce qui traînait dans sa tête. Tu le voyais alors rougir, et ne plus savoir où se foutre. Ok, tu n'irais pas lui dire que son interprétation de la chose avait été ridicule, même si tu en mourais d'envie. Tu voulais juste lui rendre sa carte, juste ça, et après, c'en serait fini. Tu ne l'avais jamais vu avant, son visage ne te disait rien, mais à le fixer de cette manière, et bien, il te donnait envie de dessiner. Un portrait ? Tu te perdis quelques instants dans tes pensées, alors que tu ne pouvais t'empêcher d'imaginer les contours de son visage au crayon de papier, ou au fuseain, ou encore à la peinture. Tu fronças plusieurs fois les sourcils, dans ton monde, comme toujours. Tu n'en sortis que lorsqu'il te répondit un simple "je" devant lequel tu ne sus quoi dire.

Tu l'observais avec patience, il fit tomber sa bombe lacrymogène, avec laquelle sa crédibilité s'envola aussi vite qu'elle était apparue, et puis il la ramassa pour retrouver un peu de dignité. Mais, bon, c'était un peu difficile de croire qu'il y avait des gens qui pouvaient réagir de cette façon, aussi vite, aussi violemment. Sans doute étais-tu le moins bien placé pour penser comme ça, puisque tu te balançais sur n'importe quel type qui agressait quelqu'un de plus faible.

Tes yeux s'ouvrent tellement grands, que sans doute, tes globes occulaires auraient pu rouler sur le sol. Il s'en allait, juste ... Comme ça ? Pas de merci, pas d'excuses, ou quoi que ce soit d'autre ? Tu t'avanças d'un pas pour lui attraper le bras, l'empêchant de partir comme il l'avait décidé, cependant, ton expression resta perplexe un moment. Tu te contentas de le regarder, d'essayer de comprendre ce qui l'avait poussé à se raviser et s'enfermer de la sorte. OK, tu étais le dernier à pouvoir comprendre ce genre de trucs, mais là, clairement, tu sentais un malaise en lui, et tu y étais peut-être involontairement pour quelque chose mais ... « Si t'as peur, pourquoi tu rentres chez toi alors qu'il fait nuit ? » Rentrer dans le tas, c'était la seule chose que tu étais capable de faire.

@nam haneul little baby, sorry pour le retard et le poste court ~ je t'avais dit que je ne t'avais pas oublié !