something (( yoonsu

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Ses doigts fredonnaient un rythme qui leur était sien contre la surface en bois de son bureau, l’esprit ailleurs, il fallait feindre les sourires parmi les autres professeurs, ses yeux auréolés de fatigue tentant de se rappeler de chaque prénom, chaque faciès. Les faux-pas lui étaient interdits. C’était son premier jour dans ce lycée, mais c’était aussi le premier de sa progéniture dans des bancs d’école coréenne. Il craignait pour son intégration, ils avaient passé tout l’été à ravager les syllabes d’un pays dont ils arboraient fièrement les traits et les origines, mais dont le langage leur était encore incertain, hésitant. Ses parents n’avaient jamais fait partie de sa vie pour lui apprendre et le reste de sa famille s’était appliqué à couper les ponts avec une lointaine asie. La fin de l’été voyait leur coréen demeurer sommaire mais suffisant pour communiquer quelques bases, il l’espérait. Sa matière le dispensait du besoin de parler autrement qu’en anglais avec ses élèves, il s’inquiète de ses échanges avec les autres professeurs, mais ce n’était que secondaire.

Le brouhaha se lasse autour de lui sans qu’il n’en prenne conscience, des images abruptes abusant de son esprit dès qu’il se laissait distraire. Des souvenirs fiévreux s’imposaient à lui, ivres de passion et d’abandon. Il avait suffi d’un regard, d’un verre de martini pour qu’il suive un inconnu jusqu’à chez lui. Un instant dérobé qu’il ne comptait pas réitéré, il avait même glissé un faux numéro au creux de sa paume ouverte le lendemain. Toutes les précautions prises pour garder son cœur dans cette cage de fer. Mais l’homme sur sa haute tour semblait bien s’amuser de lui et de ses foutues précautions, destin s’acharnant sur lui, il lui suffit de quelques minutes pour distinguer sa silhouette dans la foule. Il n’était pas un élève, bien heureusement, Yoann aurait surement dit adieu au lycée, mais il était professeur tout comme lui ; et au final, il ne savait quelle situation était la plus délicate. Ses dents malmenèrent sa lippe, il ne voyait d’autre solution que de feindre un certain oubli si Yoonsu venait à le confronter. Ce ne serait pas crédible, ils étaient restés ensemble toute la nuit ils s’étaient réveillés le lendemain conscients de ce qu’ils avaient partagés. La porte s’ouvra de nouveau dans la salle, autour de lui c’était le désert, mais devant lui le visage qui sonnera sa perte.

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rentrée. un mot qui signifiait un nouveau départ. le scandale avait été chassé au loin. si rien n'avait été écrit sur son dossier, cette histoire avait toutefois causé du tort à yoonsu. il avait perdu celle qu'il chérissait plus que tout au monde. elle l'avait jeté comme un mal propre en croyant à des rumeurs infondées, aux dires d'une adolescente perdue et cruelle. vile fille qui avait de ses doigts graciles brisé sa vie. il l'avait souvent maudite à cause de la colère, du nouveau départ forcé à seohan et à la nasan parallèlement. depuis son arrivée, il n'avait fait que retrouver ses vieux démons. le martini et les aventures sans lendemain, les mélodies moroses au piano et une vie qu'il n'apprécie guère. il se lève pourtant avec une certaine hâte. juste parce que voir des nouveaux visages lui fera tout oublier. le passé et le présent passé lui aussi. (( yoann )) une nuit d'extase où leurs corps s'étaient embrasés; où tout lui avait paru si intense, si spécial. différent, ça l'avait été pour lui. passion ardente, désir enflammé. et on lui avait donné un numéro. il l'avait appelé le lendemain pour tomber sur une femme qui n'était certainement pas yoann; amertume qui s'était mêlée à la colère. et merde. nouvelle erreur, yoonsu stupidité incarnée. il voulait oublier, se noyer dans les élèves et les professeurs. dans les visages souriants et déprimés; peut-être qu'il en serait apaisé. il le voulait réellement.

il s'était frayé un chemin entre les élèves, avait attisé quelques convoitises. allure sérieuse, cravate nouée et chemise blanche épousant parfaitement son corps. yoonsu était satisfait; sauf que le sourire qui trônait sur son visage se dissipa un instant. il croisa un regard familier, le reconnut en une seconde. et il sut que ce n'était pas un élève, évidemment un professeur. légère surprise, brise amère. et il le défia du regard avant de vite reporter son attention sur ce qui se disait. des pensées plein la tête. le speech du directeur qu'il fait mine d'écouter, s'en fichant totalement. et puis tout se finit mais pour lui, ce n'est que le début. aucun cours ce matin, seulement de la paperasse et des interrogations inattendues. tout le monde se dispersa, cours et obligations. yoonsu suivit le mouvement, direction la salle des profs. et il ne voulait pas se préoccuper de yoann, fierté immense mais il fut toutefois comme content de le voir dans la salle déserte. refermant la porte, il s'avança un sourire aux lèvres. et s'asseyant sur la table à laquelle yoann était, il le regarda - un sourire narquois sur les lèvres. « intéressant de te retrouver ici. » se penchant un peu plus vers lui, il poursuivit. « surtout habillé, très joli costume. » ses doigts glissèrent sur le nœud de cravate de yoann. « merci pour le faux numéro, j'ai parlé à une dame très gentille. » rire amer et yoonsu se redressa, restant toujours assis à le fixer sans que ses yeux ne dévient une seconde.

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Le monde semblait s’être ligué contre lui aujourd’hui, Yoann voulait passer une rentrée tranquille, apprendre à connaitre les têtes enfantines qu’il suivra tout au long de l’année, peut-être prendre contact avec un professeur ou deux, seulement ce qu’il fallait pour chasser l’ennui des longues pauses qu’il avait, il n’avait pas beaucoup d’heures à enseigner avec sa matière, mais il n’aurait clairement pas le temps suffisant pour rentrer chez lui entre deux cours. Pourtant, en ce moment-là, il n’y avait aucun visage qu’il aimerait croiser dans la salle des professeurs, il désirait que les murs soient assez épais pour dissimuler sa présence à qui que ce soit. Surtout à lui. Yoonsu. Il était tel un fantôme du passé qui revenait le hanter, pourtant leur rencontre ne datait que quelques jours, il détestait ce sentiment. Il avait fui le lendemain, glissé un faux numéro comme si cela suffirait à le faire s’échapper de ce qu’il était réellement. Parce qu’il ne pouvait se résoudre à l’idée d’être ainsi, encore moins à avouer à quel point il avait aimé. Les traits ravis d’extase de Yoonsu lui revenaient péniblement, son corps contre le sien, ses mouvements de plus en plus sauvages parce qu’il ne savait se lasser des mélodies qu’il lui soustrayait de ses lèvres ravagées.

Il ne pouvait pas aimer ça. Il devait penser à son fils, ses envies à lui ne passaient qu’en second et c’était avec cette détermination qu’il décida d’oublier cette nuit, couper les ponts. Mais le destin en pensait autrement, leurs chemins se recroisaient et il n’aurait pas eu besoin de lever les yeux pour reconnaitre sa présence. Son parfum narguait déjà ses narines, rappelait à son épiderme tremblant qui il était. Les remarques amères ne tardèrent pas à déranger son ouïe ; Yoonsu bien trop proche de lui. Les doigts électriques. « J’ai dû me tromper d’un chiffre. » Il détourna la tête, le regard voilà. « Toi comme moi savions que ce n’était qu’une aventure, alors ne fais pas l’enfant et gardons nos rapports cordiaux. » Il trembla à peine, n’hésita presque pas, ne buta sur aucune syllabe. Du coin de l’œil, il l’observa, à présent qu’il avait les idées claires, il le trouvait encore plus attrayant que cette nuit-là. Les traits de son visage capables de lui couper le souffle sans le moindre effort.

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peut-être qu'il avait ressenti quelque chose; que cette fois, son cœur s'était réanimé dans les soupirs de plaisir, sous les doigts brûlants de yoann. il n'avait pas eu peur, il s'était laissé aller dans leurs ébats, dans leur nuit qui n'était que trop courte. ils sont restés ensemble jusqu'au matin mais yoonsu aurait voulu plus. numéro erroné, il pensait mériter mieux. mieux qu'un mensonge, mieux qu'un autre rejet. l'amertume le consume alors qu'il vient faire face à yoann. il l'assaille de paroles. sa voix est douce, il ne crie pas mais c'est pire.il mâche chaque syllabe, prend son temps pour ne pas abréger le calvaire de yoann; lui qui a l'air si différent. il ne reconnait plus l'homme, où est sa confiance, où est son audace. il n'y a rien qu'une carapace qui ne veut pas être percée. sauf que yoonsu persiste; n'est pas le genre à abandonner. sa fierté lui sonne de se taire, de la garder car elle vaut mieux qu'une nuit avec un presque inconnu. pourtant, il s'enfonce. raconte sa mésaventure lorsqu'il a désespérément essayé de le contacter. malheureusement pour yoann, le destin leur avait ri au nez. ils se retrouvaient ici malgré ses efforts pour l'éconduire.

il ne lève pas les yeux; semble éviter les siens. mais yoonsu continue de sourire, de le regarder. il ne se lasse pas de ses traits, quoiqu'il les hait momentanément. il y a une colère en lui qui veut se dissiper par des moyens peu orthodoxes. il se penche vers lui, sous-entendus et s'éloigne. rire qui n'est pas mélodieux, pas authentique. il veut des réponses. n'est pas satisfait de ce que yoann lui donne. se tromper yoonsu n'était pas un adolescent qu'on pouvait berner avec des excuses de ce genre. « pourtant, tu as l'air de toujours savoir ce que tu fais. » comme lorsqu'il le touchait, l'embrassait avant de l'achever de ses coups de rein. lorsqu'il savait exactement ce que son corps réclamait, ce que son esprit voulait. yoann ne s'était jamais trompé en une seule nuit. yoonsu remue le couteau dans la plaie. « ne mens pas, j'étais pas le seul à ressentir un truc. » son regard se change, n'offre que froideur. et après un dernier coup d'œil sur la porte close. salle oubliée, eux aussi; yoonsu décide de pimenter le jeu. il sent le regard de yoann sur lui et il est certain de son impact. il lui sourit alors qu'il parle à nouveau, fait disparaître l'amertume quelques secondes. « si ce n'était qu'une aventure, tu n'auras pas de problème avec ça ? » il ne lui laisse pas le temps de réfléchir, s'approche de lui. son pouce caresse sa lèvre. « juste une aventure, pas vrai ? » et il l'embrasse, la fougue se joue d'eux. yoonsu sait très bien que si quelqu'un ouvrait la porte, ils ne verraient rien. son dos cache sa faiblesse (( yoann )) et ses lèvres se posent sur les siennes, n'attendent que d'être repoussées car il sent bien qu'il y a quelque chose entre eux.

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Il avait souhaité que cette nuit-là ne soit qu’une trêve dans sa vie d’adulte et de jeune père, une manière de souffler avant de suivre la réalité, sa réalité, il s’est épris de la sensation grisante d’avoir cet homme entre ses bras, ses soupirs ardents, ses yeux brûlants sous chacun de ses touchers. Des ébats qu’il n’aurait pu réellement mettre sur le coup de l’alcool bien qu’il le voudrait, les quelques verres pris cette soirée-là n’avait pas suffi à délier la clarté de ses pensées, peut-être seulement l’encourager à baisser un peu plus sa garde jusqu’à se retrouver dans le lit d’un inconnu. Divinement charmant et hypnotisant. Mais ça ne devait pas aller plus loin, depuis longtemps, Yoann a décidé de rompre tout lien amoureux avec qui que ce soit, et même le côté charnel, il a réussi à s’en passer ces dernières années. Toujours dans ce désir d’être un père meilleur et présent pour son fils, d’oublier la loque humaine qu’il avait été durant ses années d’adolescent. Et c’est certainement la peur qui lui a fait griffonner un faux numéro, celle de faiblir un peu plus, de redevenir celui qu’il était. Un être qu’il haïssait. Il a de plus encore plus peur, d’avantage quand son regard se lève et lui dévoile cet homme sous l’éclat du soleil, plus enchanteur que la pénombre de la nuit. Une vision qui ne peut perdurer et c’est bien assez tôt que ses yeux dérivent ailleurs.

Une excuse idiote trahit ses lèvres, bien sûr que Yoonsu ne le croirait pas. « Peut-être ai-je donné la mauvaise impression alors. » Seconde tentative vaine de se rattraper. Les mots de Yoonsu le font tiquer alors qu’il lui offre une sincérité dont il ne se doutait pas. Cette nuit-là n’avait pas été une aventure quelconque comme il désirait le croire, elle ne le hanterait pas inlassablement sinon, il avait envie de découvrir tant de facettes du brun, découvrir chaque aspect de lui, glisser encore (toujours) ses doigts le long de son épiderme fiévreux. Il est immobile devant le pouce qui frôle sa lèvres et réprime violemment un frisson de plaisir, son bas-ventre se tordant de façon familière. C’est là toute l’emprise qu’avait Yoonsu sur lui, d’une simple caresse. La faiblesse continue un peu plus quand il happe ses lèvres des siennes, lui incapable de le rejeter dans la seconde. Son souffle chaud lui remémore leur nuit. Il veut tellement plus. Ses doigts viennent s’enfoncer dans la cuisse du brun, son cœur est un tambour. C’est avec peine qu’il reprend ses esprits, juste aussi pour raffermir sa prise et repousser Yoonsu en posant doucement la paume de sa main contre son torse. « Arrête…J’ai pas envie de me faire virer à mon premier jour. Ou n’importe quel autre jour. » Il glisse sa chaise en arrière et se relève, fait quelques pas pour mettre de la distance entre eux. « Le concept d’une aventure est justement qu’elle ne se réitère pas. » souffle-t-il alors que ses iris brillent d’un désir réciproqué.