i've got ninety-nine problems and this bitch is one
ft. @li jiao

o1. pars, chaewon. c'est fini entre nous, tu comprends ça? je veux plus de toi, je t'aime pas, je t'ai jamais aimée. t'étais qu'une distraction, et j'ai pas besoin de distraction dans ma vie. ces quelques mots tournent en boucle dans sa tête, comme un mentra, comme une prière auquel elle essayerait de se raccrocher. c'est malsain, d'essayer de se tenir à ces quelques mots qui la jettent, comme une malpropre, hors de sa seule et unique relation sérieuse. elle se revoit en train de pleurer devant elle et d'essayer de crier me laisse pas jieun, je changerai! dis moi comment je dois être pour que tu me laisses pas seule! j'ai besoin de toi! c'était qu'un essai pathétique. jieun avait décidé de la jeter, alors elle l'avait fait. ce que jieun voulait, jieun l'avait, ce n'était plus à prouver. gamine pourrie-gâtée au caractère sanguin, elle avait cette manie du contrôle que chaewon avait pu adoré, et qu'elle essayait de tout coeur de détester à l'instant présent. me laisse pas, s'il te plait, me laisse pas. avait-elle répété inutilement devant la plus vieille, les jambes tremblantes, en essayant de se saisir de ses mains. ça sert à rien chaewon, je veux plus de toi. elle l'avait regardé froidement, comme si chaewon n'était rien pour elle, et plus la blonde essayait d'y penser, plus elle se disait que peut-être que c'était le cas. jieun ne l'avait peut-être jamais aimé, après tout, chaewon n'était qu'une gamine un peu perdue dans sa vie, et quand la plus vieille était arrivée, elle avait donné un sens à tout ce qu'elle faisait. littéralement, elle lui disait quoi faire, prenait les décisions pour elle, et ça lui plaisait, de ne pas avoir à en prendre, de se laisser porter par quelqu'un, de se sentir en sécurité.

et tout ça s'était arrêté aussi vite que ça avait commencé. il avait fallu d'une seule rumeur, infondée, sur la sexualité de jieun pour que tout s'arrête. on ne l'a jamais vue avec un homme ... mais elle est toujours fourrée avec cette blondinette. vous ne trouvez pas ça suspect ? c'était remonté jusqu'à elle. après tout, elles étaient trop populaires dans leurs milieux respectifs pour ne pas avoir de retours. et jieun n'avait pas apprécié que l'on parle de la sorte d'elle. elle, qui tentait toujours de se mettre aux niveaux des attendus des autres, qui écoutait sans cesse les remarques des inconnus à son propos pour tenter de s'y conformer. ça énervait chaewon, mais cette fois-ci, la plus jeune n'avait rien pu faire contre cela. elle se doutait que c'était probablement à cause des parents de sa bien-aimée, après tout, jieun s'était livrée à elle, quelques mois auparavant, sur ses relations compliquées et tendues avec eux. ils l'avaient envoyés à seohan pour la punir de ses excès parisiens, mais heureusement, car j'ai pu te rencontrer..

alors maintenant, elle se vidait littéralement de toute l'eau de son corps, sur un banc tâché de fiantes de pigeons d'un parc public. elle essayait de se calmer, vraiment, mais dès qu'elle repensait à quelque chose, ne serait-ce qu'à aller manger ou boire, ça lui rappelait jieun, et elle repartait dans une crise de larmes incontrôlable. heureusement qu'il était tard, le soir, parce qu'elle aurait peur de croiser quelqu'un. on l'aurait probablement mal regardée, pauvre chiffon posé là, en train de trembler de froid et de pleurer. elle était pathétique, et c'était probablement pour ça qu'elle avait été larguée de la sorte. parce que jieun ne l'aurait pas laissé seule si elle avait été plus mature et plus forte. mais chaewon .... chaewon ne pouvait pas être forte à cet instant présent. ce serait mal venu, son coeur était brisé - et son coeur avait décidé de prendre possession du reste de son corps pour s'exprimer.

elle se leva quelques minutes, histoire d'aller à la superette à la sortie du parc pour s'acheter une bouteille (ou trois) de soju. le caissier lui avait demandé sa carte d'identité, et elle l'avait présentée, mais il n'avait pas cru que c'était elle. elle était dans un sale état, c'était sur, mais elle réussit à le convaincre. elle repartit, triomphante sur son banc, et vida la première bouteille avec une vitesse remarquable. elle buvait, parce que sa gorge était sèche et qu'elle avait soif, et qu'elle savait que l'ivresse l'aiderait à oublier son malheur un instant. mais une fois les effets de la première bouteille arrivés, elle se retrouva encore plus malheureuse. sa souffrance était insoutenable, son coeur battait la chamade, elle sentait ses veines pulser un peu partout dans son corps, sa tête lui faisait attrocement mal. mais elle restait, là, immobile, à pleurer. passer la nuit dehors à boire l'aiderait probablement. au moins, elle saurait ce que ça fait, de rester dehors toute une nuit. elle se sentait mal, terriblement mal, et entama la deuxième bouteille à ses côtés, sans rien attendre de la vie. dix huit ans seulement et déjà brisée par son destin. ça la fit rigoler, c'était pas un vrai rire, mais un rire de personne déjà bien alcoolisée, de personne qui souffre et qui sait pas où mettre sa douleur, et qui continue de boire. si j'avais su, je serais partie étudier ailleurs. murmura-t-elle. elle avait envie de fumer, d'exprimer sa colère, sa douleur, son envie de retrouver celle qu'elle aimait de toute les manières possibles. mais c'était vain, parce que jieun ne reviendrait pas, et il fallait qu'elle se rentre ça dans le crâne.

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ft. @li jiao

o2. l'alcool apaise doucement ses peines, son esprit est embrumé, ses muscles se détendent. et pourtant, les larmes continuent de tomber instinctivement - elle ne peut les retenir. c'est trop dur, ça demande trop d'effort. malgré sa tenue légère et le froid apparent, elle a chaud; elle brûle même. ses humeurs changeantes d'une seconde à l'autre la réchauffe, colère, déni, tristesse. quand arriverait-elle à l'acceptation ? c'était la dernière étape pour aller mieux, alors quand y arriverait-elle ? jamais murmure une voix en elle, jamais parce qu'elle t'a quitté. tu es seule maintenant, et c'est ta faute. tu n'as plus que tes yeux pour pleurer. la vérité fait mal, elle ouvre une autre bouteille du précieux nectar. à 30%, quelques gorgées de plus l'aideraient à se sentir un peu mieux. la troisième bouteille, elle, l'aidera à oublier. oublier - c'est précisément ce que la princesse endeuillée veut, maintenant.

mauvaise idée, elle se rappelle juste de la sensation de l'avoir à ses côtés. elle, toujours si froide contre chaewon, bouillotte humaine. elle se rappelle de leurs soirées à chanter et danser ensemble, aux débuts de leur relation, les sorites au restaurant où elles se nourrissaient mutuellement, à l'abri des regards dans une salle privatisée, et puis quand tout a commencé à changer. les crises de jalousie d'éva dès que chaewon ne passait pas assez de temps avec elle, et puis être délaissée par vengeance, quand les soirées au lit devinrent plus agressives, les bleus parsemés partout sur son corps le lendemain. et puis les rumeurs ont commencées, et c'était la fin pour jieun. chaewon ne pouvait pas la convaincre, c'était inutile, c'était vain. une fois sa décision prise, jieun ne revenait pas dessus. la blonde avait espéré qu'elle serait une exception. parce qu'elles s'aimaient. parce que chaewon aimait jieun. elle avait appris à tolérer et aimer éva dans sa naïveté destructrice.

elle se recroqueville sur le banc, remonte ses genoux et pose sa tête dessus, avant d'essayer de boire. elle se renverse une partie du liquide sur elle, c'est froid et désagréable, mais elle ne se plaint pas. à quoi bon ? elle essaye de trouver une position agréable, sans succès. heureusement que personne n'est là, sinon elle aurait honte. mais il est assez tard, le parc est désert. elle soupire et sent les larmes se sécher sur ses joues. elle se crispe un peu, la sensation est détestable, mais elle n'a pas envie d'étaler son maquillage sur son t-shirt blanc. alors tant pis.

elle finit sa bouteille rapidement, fronce les sourcils au gout qui devient ignoble dans sa bouche, à la chaleur artificielle dans son œsophage. berk, c'est amer, trop froid et trop chaud en même temps, un peu comme- non. ça suffit. et puis elle tourne la tête, apeurée en entendant une voix. un inconnu, qui parle, qui lui parle. oh. oh, euh. oui. probablement, merci. murmure-t-elle pour ne pas être impolie. après tout, comment pourrait-elle lui dire est-ce que j'ai l'air d'aller bien, connard ? à moitié bourrée alors qu'il essayait simplement d'être poli. elle sent le besoin de rajouter quelque chose après, comme un vomi de parole incontrôlable, voulant sortir de sa bouche à tout prix. juste une rupture difficile