Extrait du journal de Park Sang Min:

Il y a des femmes qui vous intriguent de part leur capacité à être admirablement énigmatique. D'autres qui vous émeuvent par l’épanchement de sentiments purs, se voulant la faiblesse d'une âme fragile. Et puis, il y a celle vous déstabilisant, dans toute la simplicité que peut constituer votre univers. "La secrétaire café" avait sans le savoir, sans doute sans même le vouloir, perturber un ensemble de chaînons qui constituaient ma vie.


~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Je ne cessais pas de rejouer dans mon esprit, la conversation que je venais d'avoir avec Kim Chin-Ho. Le directeur du pôle informatique et surveillance, était un fin mélange de calme et de tranquillité d'esprit à bien des égards, il me rappelait mon père, mais d'un autre côté il avait cette capacité à se montrer conciliant et à pardonner, trop facilement les erreurs sans doute. Cette gentillesse naturelle, faisait sa renommer dans l'entreprise, il était le directeur exigeant, mais sympa avec lequel on aimait travailler, avec lequel, on avait pas non plus peur de prendre un café. Nous étions au sujet sensible: le café. Il avait suffit de peu de chose, d'une nouvelle, sans le moindre doute maladroite pour gâcher le rythme habituelle de l'entreprise, de mon point de vu, bien sûr. Le directeur Kim m'avait dit d'un ton conciliant de faire des efforts avec la secrétaire Kang, elle était nouvelle et depuis qu'elle était arrivée dans l'entreprise, son travail était excellent. Certes, mais cette fâcheuse histoire de café, m'avait mis dans une mauvaise posture à son encontre. Je soupirais en me répétant que je n'avais pas le choix. Après tout, il s'agissait d'un énorme contrat, gérer toute sa préparation pour la mise en oeuvre auprès du client nécessitait qu'une secrétaire m'accompagne. Installé sur le fauteuil de mon bureau je composais le numéro de la secrétaire Kang, lorsque cette dernière décrocha je dis sur un ton parfaitement détaché et tout ce qu'il avait de plus professionnel: « Directeur Park, veuillez vous rendre dans mon bureau au service sécurité, s'il vous plaît. » J'avais raccroché avant même qu'elle n'eut le temps de me répondre. Pour la forme détachée, on repassera pensais-je en soupirant.

   

J'avais sorti le dossier concernant Bak Ho joo, notre nouveau client. C'était un représentant de la société Arengo, il gérait la filiale coréene de la société de bâtiment, l'autre partie étant située au Japon. Il y a peu, la société avait fait les gros titres de l'actualité économique, mais aussi des chaines d'informations, car la filiale coréenne avait fait polémique, en licenciant pas moins de 1000 salariés répartis dans tout le pays. Une déstabilisation économique et aussi politique de l'orientation de l'entreprise. Parcourant le dossier, j'entendis frapper et puis la secrétaire Kang entra. Confortablement installé sur mon fauteuil, je la regardais s'avancer tout en me disant intérieurement qu'il allait bien falloir rester: calme et professionnel. « Vous m'avez demandé, monsieur ? », me demanda-t-elle. Il était vrai que j'avais raccroché sans même lui donner les raisons de sa venue au service de sécurité. Je la regardais fixement pendant l'espace d'un instant, ne sachant pas vraiment si notre collaboration allait bien se porter, puis d'un rapide geste de la main je dis: « Je vous en prie, asseyez vous ». Je refermais le dossier de notre nouveau client, puis me levais de ma chaise, tout en poursuivant de mon ton robotique comme le disait si bien Kyang Ja : « Je vous ai fait venir ici, car nous venons de recevoir un nouveau contrat avec le représentant de la société Arengo, il s'agit d'une affaire relativement importante qui sera prise en charge par le service de sécurité, en étroite collaboration avec le service informatique et surveillance.»  Je marchais à travers le bureau pour venir me poster vers la baie vitrée d'où je pouvais regarder la rue principale qui ce matin là, était très calme. Le temps était par ailleurs maussade et il pleuvait légèrement, ce qui assombrissait le ciel, donnant l'impression que nous étions en fin de journée, alors que cette dernière ne faisait que commencer.

Prenant appuie contre la baie vitrée, je poursuivais sur le même ton: « Il s'agit d'un cas de procédure deux. » Je marquais un temps d'arrêt, cela voulait dire que la demande se portait sur un enfant. Je n'aimais pas les procédures de catégorie deux, car bien que les enfants  de façon générale étaient plaisants, travailler avec eux et surtout être rattaché à leur protection pouvait s'avérer, à la fois trop prenant et aussi très compliqué. Je poursuivais sur mon ton robotique: « Notre client de protection est Bak  Mi-Cha, la petite fille du représentant d'Arengo, elle est âgée de six ans et vit avec sa famille à Seohan dans la résidence principale des Bak. Ils ont reçu plusieurs menaces ordinaires, dont deux considérés comme potentiellement sérieuses. Nous ferons la prise en charge de la protection jusqu'à ce que l'affaire soit réglée. Ils ont décidé de ne pas faire appel au système judiciaire, mais le dossier pourra à l'avenir nous être retiré pour des conditions juridiques. » Si ils n'avaient pas fait appel, au système judiciaire c'est que la famille Bak avait peur des répercussions que cela pouvait avoir, notamment en lien avec le scandale des licenciements en Corée. Il avait fallu faire un choix qui leur était propre, bien qu'on pouvait se dire que ce n'était pas nécessairement le plus adapté. Je continuais sur ma lancée: « Nous devrons nous rendre à la résidence des Bak pour établir les modalités d'intervention, ainsi que les conditions inhérentes au contrat de protection. » Toujours appuyé contre la baie vitrée, je reportais mon attention sur elle: « Avez vous compris? » Je m'imaginais déjà la tête que faisait le directeur Kim à ma formulation, c'est pourquoi je me repris: « Avez vous des questions concernant ce qui vient d'être dit? »