paradoxe. y a cette silhouette gracile, habile funambule qui donne l’impression de danser. ce corps parfait douché à l’argent et scintillant comme diamant au soleil. y a cette moue superficielle et ce rire cristallin aux notes pourtant fausses et au parfum d’hypocrisie. ce défilé luxueux, cette parade arrogante et cette fierté feintée. mais y a surtout ce cœur déchiré et brisé, incapable de se recoller. cet être scindé, titubant et déjà fatigué d’exister. y a cette petite fille enfermée, tirée violemment vers le haut et perdue dans un monde de fausseté. cette âme égarée toujours sollicitée, sur le point de s’écrouler.

the story of my life : o1. ⊱ elle est née dans le faste et l’opulence, lily. couverte d’or et d’argent, d’une attention un peu trop prononcée aussi. enfant d’une grande couturière et d’un homme d’affaire, leur prestige se compte en nombre de boutiques de luxes tapissant toute l’asie. petit chérubin déjà princesse qui ne passe pas inaperçue, elle est l’héritière d’un empire de strass et de paillettes. destinée à se pavaner dans la soie et exhiber un visage comme un corps qui n’a jamais laissé de marbre, vu les nombreux concours de beauté gagnés. o2. ⊱ elle n’a vécu que très peu à hongkong, seulement quelques années. ça ne lui a pas empêché d’acquérir la langue, ni même d’en apprendre d’autres. jetée dès son plus jeune âge dans le milieu du mannequinat, des concours et de la mode à tout va, elle a dû acquérir certaines capacités. ainsi la belle maîtrise le hongkongais aussi bien que l’anglais ou le coréen, lui permettant de briller sans jamais bafouiller. o3. ⊱ as de la popularité, de lily, on n’arrête pas d’en parler. mannequin des plus en vogue, sans cesse réclamée, elle n’arrête pas de voyager. conquérant le monde d’un sourire, éblouissant l’humanité par sa beauté, on la veut, on se l’arrache. rythme de vie chamboulé entre cours manqués et décalages horaire prononcés. c’est à seohan que la demoiselle peut souffler, havre de paix retrouvé. o4. ⊱ populaire, elle l’a toujours été. pas toujours pour les bonnes raisons, pas toujours de la bonne façon. mais il va s’en dire qu’elle est aimée. ou du moins, respectée. par des followers sur insta, par des amies à la superficialité qui n’est plus à prouvée. on l’aime pour sa condition, non pour le fond. o5. ⊱ des choix, elle en a jamais eu. toujours forcée sans jamais rechigner. lily, elle a trimé mais l’a jamais montré. alors elle savait tôt ou tard, qu’on lui trouverait chaussure à son pied. et ça n’a pas tardé. à peine quatorze ans qu’elle était fiancée. inconnu arpentant les couloirs du même lycée, l’accepter ne fut pas chose aisée. pourtant… le courant finit par passer. sourires échangés, complicité gagnée… le destin les avait lié, et finit par les entremêlés. palpitant affolé, déni prononcé puis sentiments partagés, c’était presque un conte de fée. c’était trop beau pour durer. o6. ⊱ l’incompréhension. puis la déception. en un fragment de seconde, tout avait volé en éclats. amour détruit, engagement périmé. les fiançailles étaient rompues, leur avenir aussi. il avait suffit d’un mot, un titre pour tout envoyer valser : déshérité. envoyée quelques mois à l’étranger pour se faire oublier, la demoiselle en a bavé. contrainte de renoncer, obligée de le repousser, ses parents ont été très clair. c’était lui ou son avenir doré. elle a choisi, du moins elle a cru choisir. o7. ⊱ et ça n’a pas tardé. l’affaire à peine étouffée qu’un nouveau fiancé avait été trouvé. choquée, puis énervée, si elle a dû d’y résoudre, elle ne peut l’aimer. haïssant sa simple présence, ne pouvant supporter se tenir à ses côtés, son cœur est un mur contre lequel il ne cesse de se cogner. pourtant face aux autres, fierté aiguisée, elle est obligée de paraître. mascarade écœurante aux acteurs un peu trop doués, elle fait croire qu’il est l’être aimé. o8. ⊱ lily, elle est coincée. ne pouvant se résumer à abandonner apparences et renommée, mais incapable d’arrêter de l’aimer. alors elle l’a détesté, jumin. à en crever. elle lui a reproché sans jamais le formuler de ne pas être l’héritier. de l’avoir ainsi abandonnée. pourtant, dès qu’elle le voit, la haine s’en va. palpitant saignant, demandant quelconque marque d’affection d’un fantôme encore vivant de leur passion. mais son visage fermé n’exprime que dédain et fierté. crachant son venin, ses amies pour témoin, elle ne sait comment se sortir de cette spirale sans fin. o9. ⊱ alors elle s’intoxique, lily. elle remplit son emploi du temps jusqu’à en crever. pour ne pas penser. pour ne pas aimer. jonglant entre carrière et lycée, elle se doit de gonfler son dossier. notes irréprochables, nuits blanches à la clé, elle continue sans relâche cette danse effrénée. mais ça ne lui suffit pas. alors elle compense par d’autres activités. se défoulant dans le drama club du lycée, se fatiguant au cheerleading jusqu’à en crever. 1o. ⊱ et puis sous ce masque, il y a le vide. âme effritée, trop souvent malmenée. sous le faste, sous les strass, il reste plus grand chose à sauver. ayant vécu pour les autres, s’étant épuisée à conserver une image erronée, elle s’est perdue, lily. alors elle sait plus. ce qu’elle aime, ce qu’elle a jamais voulu… ce qu’elle est ou ce qu’elle aurait dû faire. noyée sous un océan de faux semblants et d’hypocrisie, étouffée par les billets amoncelés, l’adolescente est en train de sombrer.