the story of my life : 01. petit prince écervelé ; les yeux mazout de sa mère, les jambes interminables de son père, pantin dégingandé aux traits sévères, de l’enfant qui croit pas. Ni en lui ni en personne. Hajun et sa timidité, ses sentiments tous ravalés pour n’exhaler qu’une simple indifférence ; ça lui donne cet air si renfrogné, la douceur en demi-teinte, les lèvres tendrement poètes. en réalité entre ses côtes, ça bouillonne, ça s’enflamme.  02. Son coeur est terreaux fertiles pour toutes sortes de passions ; des astres au papier glacé, de la poésie à la physique quantique, il a l’âme curieuse du petit garçon qui ne peut pas grandir ; qui veut pas grandir. Enfant-tempête depuis le jour même de sa naissance, ses premiers cris masques à peine les plaintes du vent qui s’engouffre sur les hauteurs de séoul. la ville de son enfance, la capitale qu’il regrette un peu parfois, par nostalgie des jeunes années, du temps où il pouvait se lover dans les bras de sa mère et cavaler sur le dos de son père. Hajun il regrette d’avoir grandi. Il se sent pas prêt à affronter la suite, la solitude de l’âge adulte, la froideur d’un monde qui le voit à présent comme un homme, quand lui se sent encore enfant. de moins en moins compris.  03. Silencieux, parfois froid, souvent râleur, parce que rien n’est jamais assez bien, rien ne comble le vide qu’il ressent. Ce sentiment de non-appartenance. il se cherche encore ; cherche à s’échapper surtout. il a trouvé son addiction comme une évidence, pédale à toute allure au crépuscule pour accumuler quelques billets qu’il dilapide presque tout de suite. Pas pour des clopes, pas pour des joints, mais l’adrénaline en boite qu’il insère dans sa PS4.  04. Des nuits entières en tailleur devant sa télé, les pouces flirtant avec les joysticks jusqu’à ce que l’aube n’inonde la chambre. Il se glisse alors dans les draps, juste avant que sa mère ne vienne frapper à la porte pour signaler le début de la journée. Il aura du mal à dissimuler les sacs pleins de sommeil sous ses billes anthracite, mais qu’importe. Il recommencera la nuit suivante. Quand il ne s’adonne pas à un ballet passionné avec sa manette de console, il papote sur internet avec ses amis immatériel. Il s’est toujours senti plus à l’aise, au chaud derrière son écran. Là où il doit rien à personne. Il vit caché.

05. La journée c’est l’archétype de l’enfant-sage. Il a toujours eu cette prédisposition à faire ce qu’on lui demande, sans se poser de question. Ce qui l’entoure, les ficelles de la société, ça l’intéresse pas plus que ça, il s’dit qu’il pourra pas la changer. C’est tellement plus facile de se laisser aller avec le courant. lymphatique Ça fait de lui un bon élève, le genre de gamin que les adultes adorent, parce qu’il est poli et bien élevé, et intelligent, et dévoué. tout plein de qualités en lesquelles il ne se reconnait pas. mais ça lui va parce qu’hajun, il demande que ça, d’être aimé. Depuis tout gamin il a cette peur intense du vide, d’être seul. Cruellement dépendant d’une affection dont il reste éternellement assoiffé.  06. Hajun a un frère de trois ans son ainé, dont il est très excessivement proche malgré leurs caractères opposés. Les deux frangins sont inséparables depuis toujours. en revanche les relations sont plus tendues avec sa petite soeur. Même s’ils se vouent une tendresse timide, les disputes et les chamailleries résonnent trop fréquemment entre les murs de la maison familiale.

07. La vérité c’est qu’hajun a eu une putain de vie parfaite, depuis sa naissance jusqu’ici. Parfois il en a même honte, il se sent pas normal. Mais sa vie elle est comme ça, bébé désiré, choyé. On lui a fait mille promesse de bonheur qui ont toutes été tenues jusqu’ici. Son utopie ridicule et pourtant si agréable, il a tant de mal à la quitter. les paumes sur les oreilles, il se rend sourd aux conseils, aux questions. « tu veux faire quoi plus tard ? » ; rester comme je suis maintenant, pourquoi pas même revenir à avant, quand maman n’avait pas de rides au coin des lèvres à force de sourire, quand papa travaillait pas jusqu’à très tard le soir. Ça fait mal de voir que les choses changent, inéluctablement. Sa belle enfance dorée prend fin et démarre la jeunesse, effrayante, brillante, nouvelle, solitaire, parce que y a plus personne pour lui tenir la main, lui caresser le dos, l’encourager à être courageux. On attend de lui qu’il le fasse seul à présent, et bordel qu’est-ce que c’est effrayant.