the story of my life : o1. quatorze années de bonheur. c’était parfait. il vivait heureux, lui, ses frères, ses parents, ça n’aurait jamais du changer. jamais. il pensait pouvoir faire confiance aux plus vieux, mais les plus vieux sont les plus cons et les moins tolérants. le 15 juin 2016, le garçon comprit que la joyeuse vie de famille qu’il avait toujours vécue ne serait plus qu’un lointain souvenir. il aurait dû se taire, ne jamais dévoiler ses préférences, son homosexualité. il sait très bien que tout est de sa faute. o2. des parents croyants, bien que non-pratiquants. jihwan ira certainement en enfer, d’après leurs dires. maman travaille comme fleuriste, papa travaille dans les bureaux. ils ont tous les deux reçu une éducation religieuse, qu’ils ont essayé de donner à leurs enfants. la jeunesse d’aujourd’hui n’y obéit plus, n’y croit plus. jihwan et ses frères ont préféré croire en leur propre rêve plutôt qu’en dieu, que cela ne plaise à leurs parents ou pas ; tant qu’ils ne tombent pas dans le péché. le plus jeune échoua. o3. pendant tout son collège, le benjamin yoon était un bon élève. très bon élève même. joie de vivre, toujours des devoirs fait à la bonne, la tête sur les épaules. tout allait bien, il avait de bonnes notes. il était la fierté de ses parents. en arrivant au lycée, tout changea. le garçon se créa un masque, et il le met tous les jours dès qu’il a un contact avec un l’extérieur. il essaye de maintenir ses notes, grâce aux nuits d’insomnie. il ne veut pas qu’un quelconque changement en sa personne ne soit remarqué. il a peur des représailles. o4. la vie à la maison est bien plus dure, maintenant. jihwan s’enferme dans le silence pour être tranquille. les jours où il craque, ça crie, ça pleure, ça ne dort pas, ça angoisse et l’envie de partir pour ne jamais revenir gonfle petit à petit. certains jours, il a mal et des marques se posent sur son corps. une gifle, un poignet trop serré. « je suis tombé. », le sourire au lèvres, qu’il répond à chaque fois qu’on ose lui poser trop de questions. o5. il possède une haine profonde envers le crush qu’il a eu au collège. c’était son tout premier, il ne lui a jamais avoué ses sentiments et depuis le temps il a décidé de l’oublier, mais sans lui, peut-être que sa vie ne serait pas devenu aussi pourrie. le garçon sait que l’autre jeune n’a rien fait, mais il ne peut pas s’empêcher de lui donner une once de responsabilité dans ses problèmes. o6. jihwan peut remercier ses frères. sans eux il aurait certainement fait x et x conneries. peut-être qu’il ne serait déjà même plus là pour pouvoir voir le monde. la cigarette, l’alcool, la drogue, la scarification, la mort. ils l’ont sauvé de tellement de manières différentes qu’il ne peut même plus compter. et ça lui pèse sur les épaules, ça aussi, ils font trop de choses pour lui qu’il ne pourra jamais leurs rendre. o7. ⊱ personne ne pourrait être sûr de ce qu’il se passe au foyer yoon. jihwan avec ses sourires et ses sourires, sa voix qui parle fort, sa bonne humeur général, son caractère de chieur qui dérange certains, mais qui rend certains autres joyeux. un échappatoire. rendre heureux les autres, même s’il ne peut pas l’être lui-même. mentir devient tellement facile quand on en a l’habitude. o8. ⊱ l’art est une vraie thérapie. dessiner, écrire, photographier. ressortir tout ce qu’il a à l’intérieur de lui par les traits et les mots écrits. ses œuvres sont devenues un poil macabre avec les années et les professeurs décident de mettre ça sur un certain style, au lieu de réellement s’inquiéter pour lui.  peut-être qu’un jour, il se fera trahir par son esprit créatif. peut-être que c’est ce qu’il aimerait, au fond, en fait. o9. ⊱ à cause de ses parents, il n’assume plus son homosexualité, et il la refoule carrément, devenant presque homophobe. jihwan ne le dira jamais à haute voix, mais ses regards étranges qu’il lance à certains couples qui s’assument ne trompent pas. des regards maladroits, mais presque gênants et méchants. en vérité, c’est la jalousie qui lui ronge l’intérieur peu à peu. 1o. ⊱ le seul espoir qu’il garde au fond de lui, c’est celui de s’en aller. même s’il ne croit plus, il ne peut s’empêcher de prier le soir. prier le soir pour qu’un jour, il puisse sortir de cette maison et faire sa vie seul, peut-être même découvrir le monde, sans ces deux vieux qui l’empêchent de s’aimer. si ça se trouve, le dieu que ses parents ne cessent de prêcher l’entendra un jour.