Extrait du journal de Park Sang Min:

A chaque instant où elle s’éloigne, je tente en vain de la retenir, encore un court moment. Il suffisait de simples mots, d’une passion de jeunesse, d’un intérêt prononcé, pour faire découvrir à l’autre, un univers inconnu et bien souvent incompris. Parfois, je me sentais comme un aveugle qui retrouvait la vue, pendant un infime instant. A celui qui s’estime suffisamment, pour penser détenir la vérité absolue, je lui dirais ceci: « J’ai lu un jour que dans les espaces immenses de l'erreur, la vérité n'est qu'un point. » c’est ainsi qu’elle peut parfois nous échapper, c’est ainsi qu’on peut parfois l’égarer et c’est également ainsi qu’on peut l’admirer. Je ne crains pas la vérité, car elle est le propre de l’Homme, pour en être sa plus grande admiration. Je crains seulement, ce qu’elle pourrait influencer en moi-même.

J’ai toujours pensé que le thé n’avait pour seul vertu que son Histoire ancestrale. Seulement, en découvrant par ses mots, la place que celui-ci avait eu dans ses espoirs de jeunesse, dans sa vie, la curiosité m’avait poussé à dépasser mes propres pensées. A présent, je pouvais aisément le reconnaître, il y avait dans cette étrange découverte, une idée, d’une profondeur insoupçonnable. A mes yeux partagés aux siens, il avait la panache, de diffuser un arôme tantôt riche, tantôt surprenant, tantôt délicat. Il était la quintessence des sentiments. A lui seul, il exprimait, à chaque dégustation une part inconnue de nous-mêmes, ou une émotion, si vite égarée dans les méandres de nos esprits que nous l’avions involontairement oublié.

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C’était toujours seul que je venais au salon de thé. Depuis la première fois et encore aujourd’hui. La solitude, me tenait compagnie, comme une vieille amie trop rarement accueillie. En vérité, je ne me sentais jamais réellement seul, dans cet endroit. Ma mère avait écrit, dans son journal, au cours de ses années adolescentes sans doute, la réaction qu’elle aurait eu en venant dans un lieu comme celui-ci: un singulier mélange d’admiration et d’émerveillement. A ses mots, je la découvrait, telle qu’elle était dans sa jeunesse; si douce, si pleine de vie, d’envie.

En dehors de cet endroit, je ne buvais pas de thé, j’étais un accro invétéré au café. Je venais régulièrement, au moins une fois par semaine, lorsque le temps me manquait. En venant ici, je pensais quelque part, découvrir un aspect de ce que ma mère aurait aimé appréhender. Seulement, elle n’avait jamais eu les moyens, dans sa jeunesse ou dans l’âge adulte, de le faire. Confortablement installé, je ne songeais pas au travail, j’éprouvais un apaisement trop rarement ressenti. Il n’y avait pas de place pour la haine, ni la culpabilité. C’était un endroit à part, comme figé dans le temps.