Sueur froide, corps tremblant dans la nuit nocturne. Volets qui frappaient les carreaux de sa fenêtre quand le vent grondait dehors. Les larmes qui coulaient doucement, perlant le long de ses joues silencieuses. Yeux pourtant clos, plongés dans un sommeil profond bien que ténébreux.
Cauchemar. Encore et toujours. Similaire à toutes ses autres fois, depuis des années. Symbole d'un manque. L'ignorance de la signification tandis que la
blessure restait profonde. Mais Taeil, il disait que ça allait. Souriait des remarques sur les cernes qui ornaient son visage fatigué. Rouge des pleurs de la nuit précédente … Mensonge.
Tapis de mensonges. Alors comme tant d'autres fois avant et tant d'autres fois plus tard, les images de l’hôpital sanglant revenaient le hanter. Calme et bruyant à la fois. La main froide qui attrapait la sienne si férocement … Avant de le relâcher brusquement. Le carrelage glacé et la brume de l'extérieur qui condensaient. Tant de détail en mémoire qui se transformait en réel cauchemar.
Un souvenir. Résultat d'un accident, une maladie qu'il n'acceptait pas.
Deuil qu'il n'arrivait pas à faire.
Mort qu'il ne pouvait pas rendre évidente. Et le fantôme hantait, frappait à sa porte pour taquiner Morphée.
Douleur, profonde et ancrée.Soudainement les iris ouverts, le cœur battant à tout rompre quand la sueur se dispersait sur l'intégralité de son corps. L'orage et les éclairs, mélange d'émotions dans le ciel qu'il ressentait lui-même.
Pourtant la frayeur, la même qu'à chaque fois. Et le visage d'une même personne, âme solide qu'il chérissait plus que de raison ; innocence de l'interdit. Alors il avait quitté le lit, Taeil. Avait enfilé les premiers vêtements qui lui étaient tombés entre les mains. Code qu'il connaissait par cœur, aussi bien que le chemin. Bien vite arrivée à lui, le silence des pas contre le sol ; parquet ciré et l'aspect bordélique de son aîné qui en ressortait. L'eau contre ses cheveux, vestiges de la pluie dehors qui venait tremper ce dernier ; chaussons pour l'étaler.
« Gaon … » Un soupir, presque inaudible.
Peur secrète de le réveiller. Mais un sentiment égoïste qui s’emparait pourtant de son âme. Tendresse évidente qu'il recherchait, les larmes aux yeux.
« Gaon … Tu dors ? » avait-il osé demander.
Déranger le sommeil
paisible,
Égoïste comme le tonnerre.Le cœur qui en saignait.